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Numéro spécial de la revue Didactiques


LE PAYSAGE ALGÉRIEN DANS LA LITTÉRATURE ALGÉRIENNE FRANCOPHONE (1962 - 2015)


L'attachement à l'espace dans l'œuvre littéraire de Liliane Raspail

Abdenacer GUEDJIBA
Université Abbas Laghrour Khenchela

ISSN: 2253-0436 | Dépôt Légal: 2460-2012

Résumé | Plan | Texte integral | Bibliographie | Notes | Citation - Téléchargement

Dans un monde de plus en plus mondialisé où les populations se déplacent et se métissent constamment, la question de l'identité reste encore basée, en règle générale, sur deux possibilités : soit on s'identifie à son ethnie, soit on s'identifie à la terre. «Tout individu, écrit S. Mufwene appartient à une unité de descendance, à une unité territoriale, …. » (Mufwene, 1997 :162). Dans le premier cas, on parle de l'attachement au sang. Dans le second, il est, plutôt question, de l'attachement au sol ou mieux encore à l'espace.
Ce texte aborde la question de l'attachement à l'espace dans les écrits des enfants d'Algérie, contraints à être séparés, en catastrophe, de leur patrie de naissance. Il tente, à travers l'étude de l'œuvre de Liliane Raspail, de répondre aux questions suivantes : Comment ces enfants ressentent-ils cette séparation ? Vouent-ils un attachement à leur pays natal ? Quel impact a cette séparation, en catastrophe, sur leurs comportements ?


Mots-clé : Espace – attachement - paysage romanesque - patrie de naissance - appartenance-spatio-identitaire.

في عالم يمتاز بانتشار العولمة، بفعل استمرار تحرك السكان واختلاط الأجناس، لا تزال مسألة الهوية، بشكل عام، تقوم على احتمالين اثنين: إما أن تحدد على معيار الانتماءالعرقي أو على معيار الانتماء إلى الأرض. "لكل شخص انتماء عرقي أو انتماء جغرافي.... (Mufwene 1997: 162)". في الحالة الأولى يتعلق الأمر بالرابطة الدموية وفي الحالة الثانية بمسألة التعلق بالأرض أو بالمجال.
يتناول هذا النص مسألة التعلق بالمجال الثاني في أعمال Liliale Raspail من خلال الإجابة على الأسئلة التالية : ما هو شعور الكاتبة نحو موطن مولدها؟ ما تأثير هذا الشعور على كتاباتها ؟


الكلمات المفتاحية: الفضاء – الارتباط - المناظر الروائية - موطن الميلاد – الانتماء المجالي الهوياتي.

In a world increasingly globalized, where populations are moving and constantly crossbreed, the question of identity is still based, in general, two possibilities: either we identify with their ethnic group or one identifies grounded. "Everyone writes S. Mufwene belongs to descendants of unity, territorial unity ... "(Mufwene 1997: 162) in the first case, we speak of attachment to the blood. In the second, it is rather question of attachment to the ground or even better to space.
This text addresses the question of attachment to the space in the writings of children forced to be separated Algeria in disaster from their homeland of birth. It attempts, through the study of the work of Liliane Raspail, answer the following questions: How do these children feel this separation? They devote an attachment to their homeland? What impact has this separation, a catastrophe, their behavior?


Keywords: Space- attachement - landscape romanesque - homeland birth - spatial identity-belonging


    ●     Introduction.


    ●     Appartenance à l'espace comme sentiment d'appartenance identitaire.


    ●     Conclusion.




Introduction

L'attachement et l'espace sont deux éléments qui structurent le titre de notre contribution. Nous essaierons, dans un premier temps, d'expliquer brièvement, quelques-unes des acceptions de ces deux termes.


L'espace sert souvent de critère pertinent d'identité et d'unité nationales et de lieu privilégié sur lequel se tissent, entre les habitants de ce lieu, des liens sociaux, politiques, culturels ... pour préserver son unité face aux menaces externes.


En littérature, l'espace est le lieu où vivent et se meuvent les personnages fictionnels. Le paysage romanesque ne sert pas seulement de simple cadre de l'univers fictionnel, mais il est aussi porteur du projet que lui assigne l'écrivain et reflète ainsi, d'une certaine manière, la conception du monde de ce dernier. Il est à considérer, attestent R. Bourneuf et R. Ouellet (Bourneuf & Ouellet, 1981), au même titre que l'intrigue, le temps et les personnages, c'est-à-dire, comme élément constitutif du roman. Il peut être abordé sous trois angles, certes, différents, mais qui, souvent, se recoupent et se complètent : l'espace peut être considéré dans sa relation avec l'auteur, avec le lecteur, avec les autres. (Bourneuf & Ouellet1981 : 80). Les espaces paysagers, dans une œuvre littéraire, suscitent de multiples interrogations sur le rôle qui leur est attribué dans l'univers fictionnel ainsi que sur les différentes interactions qu'ils déclenchent lors du processus de l'écriture.


La notion de l'attachement est définie comme étant un lien affectif, de nature innée, qui a pour fonction de favoriser la proximité d'un individu à un autre, à une identité, à une culture, à un espace... J. Bowlby, (Morgane Vrai, Psychisme, 2012) qui a eu à travailler, au lendemain de la 2ème guerre mondiale, sur la santé des enfants sans foyer, a conclu que l'attachement de l'enfant à la figure maternelle est d'une importance capitale. L'auteur affirme qu'une fois ce lien d'attachement primaire est intériorisé, il servira de modèle à toutes les relations intimes et sociales du sujet (quel que soit son âge) et de source de protection et de sécurité en cas de détresse pour ce dernier.


Des relations que l'individu peut établir avec d'autres personnes et /ou avec l'environnement dans lequel il vit, ou dans lequel il a vécu, et à travers lesquels il s'identifie. En effet, en dépit du processus de mondialisation survenu au lendemain de la chute du communisme en Europe de l'Est, suivie de l'effondrement des régimes totalitaires un peu partout dans le monde, la question de l'identité reste encore basée, en règle générale, sur deux possibilités : soit on s'identifie à son ethnie, soit on s'identifie à la terre. «Tout individu, écrit S. Mufwene, appartient à une unité de descendance, à une unité territoriale, à une unité politique «alliance.» (Mufwene, 1997 :162). Dans le premier cas, on parle de l'attachement au sang. Dans le second, il est, plutôt, question de l'attachement au sol ou mieux encore à l'espace.


L'attachement au sang consiste à avoir des liens affectifs avec des personnes avec lesquelles on a des origines communes, une langue et une culture communes. C'est un peu le cas des Maghrébins, voire des Arabes et des musulmans, aujourd'hui, en Europe et en Amérique.


Les recherches portant sur l'attachement à l'espace constituent, depuis quelques décennies, un courant majeur en psychologie environnementale (Fried 1961). Ce concept en est devenu un objet de recherche élaboré dont l'importance est reconnue par les spécialistes en la matière ; étant donné que cette notion rend compte de la dimension affective du lien qui unit un individu avec son environnement. S.M. Low définit cet attachement comme « la relation symbolique générée par le fait qu'un individu donne un sens émotionnel et affectif culturellement partagé à un lieu précis.» (1992 :165) De nombreuses recherches ont démontré que l'attachement à l'espace n'est pas seulement cantonné au domicile mais il peut s'étendre aussi à d'autres lieux : la patrie, la ville, la campagne... (Charleston, 2009 ; Mazumdar & Mazumdar, 1993).


Dès lors, l'espace constitue un vecteur d'attachement très fort, un sentiment d'appartenance à la terre. L'attachement d'un individu à un espace consiste à définir son identité par rapport à un territoire dans lequel il vit encore ou dans lequel il est né et il a déjà vécu. Les souvenirs et les habitudes de fréquentations contribuent, largement, à maintenir, à nourrir cet attachement et à favoriser une certaine proximité avec l'espace en question. Un lien qui peut unir des personnes d'origines ethniques différentes, de langues et de cultures différentes. On donne souvent l'exemple des habitants des USA qui, abstraction faite de tout particularisme (géographique, linguistique, religieux, ethnique...) ne s'identifient qu'à travers l'espace dans lequel ils vivent.


Dans la littérature algérienne d'expression française, la patrie est souvent personnifiée en l'image de la mère : (La grande maison de M. Dib, Nedjma de K. Yacine, Le quai aux fleurs ne répond plus de M. Haddad...) pour renforcer un peu cet attachement à l'espace. «L'Algérie est ma mère», écrit M. Haddad. «Je pense d'abord à ma mère, par ma mère, pour ma mère... », ajoute le même auteur. (Haddad, 1978: 113).


Comme toutes les mères, l'Algérie a des enfants. Des enfants qui ne cessent de parler, dans leurs écrits, de ses vertus, de lui exprimer leur affection, leur amour, leur attachement. Le paysage représenté, dans leurs œuvres littéraires en est une forme de cette expression. L'espace peut y être appréhendé comme une revendication d'une appartenance spacio-identitaire. Une revendication qui engage le sujet dans un processus de construction des différentes composantes de son identité.


Il est vrai que la nation, à travers le monde, apparaît, aujourd'hui, d'une façon générale, comme le support privilégié du sentiment d'identité et de solidarité collective ; mais cela n'exclut pas, pour autant, la présence, au sein d'une même nation, d'autres niveaux d'appartenance (géographique, ethnique, linguistique, religieuse...). « Un individu, note N. Binisti, appartient généralement à différents groupes que ce soit de façon simultanée, à une période bien précise ou à des moments différents de sa vie .»(Binisti, 2003: 1998) Néanmoins dès qu'une seule appartenance est touchée, c'est toute la personne qui vibre. Une vibration qui se traduit dans la dynamique complexe entre forces d'assimilation et forces de différenciation. La réaction peut être violente ou latente, selon les circonstances. L'identité ne se compartimente donc pas, écrit A. Maalouf, qui va même jusqu'à dire que « réduire l'identité à une seule appartenance installe les hommes dans une attitude partiale, sectaire, intolérante, dominatrice, quelquefois suicidaire et les transforme, bien souvent, en tueurs ou en partisans des tueurs.» (Maalouf, 1998 : 39)


Appartenance à l'espace comme sentiment d'appartenance identitaire.

Notre objectif, ici, est de mettre en exergue l'appartenance à l'espace comme sentiment d'appartenance identitaire. Nous nous intéressons particulièrement à une certaine catégorie d'enfants d'Algérie, qui pour des raisons d'ordre historique se trouvent nés sur ce sol et sur lequel ils y ont longuement vécu. Mais pour des facteurs, qui, dans la plupart du temps, ne relèvent pas de leur volonté, certains d'entre eux, étaient contraints à être séparés, en catastrophe, de leur patrie natale. D'autres ont choisi d'y rester.


Quitter son terroir, de son plein gré, de façon définitive ou provisoire, vers un ailleurs de son choix, pour diverses causes : sociales, économiques, politiques, ou autres, est certes douloureux mais, sans doute, plus facile à supporter que d'être contraint à le faire, sans même avoir, pour autant, cette possibilité d'y retourner un jour.


Néanmoins, les uns et les autres se trouvent déracinés et éprouvent du mal à s'intégrer dans leur nouveau milieu. « Lui qui avait tant parlé de l'intégration, écrit J.P. Marin à propos de son père, voilà qu'il ne parvenait pas à s'intégrer à cette terre de France sur laquelle il se trouva, jusqu'à sa mort, en exil. Son cœur était resté là-bas en Algérie, avec les fantômes de son passé... » (Marin, 2005:485)


Très peu d'attention a été accordée, dans l'étude du texte littéraire algérien d'expression française, à ce sujet, du moins en Algérie. Même si cela semble se poser avec beaucoup d'acuité, sous d'autres cieux, il n'en demeure pas moins, qu'il est encore loin, à notre connaissance, de faire objet d'étude élaboré dans notre pays.


C'est de cette question, justement, que nous avons l'intention de traiter dans notre contribution. Comment ces enfants ressentent-ils cette séparation ? Vouent-ils un attachement à leur pays natal ? Quel impact a cette séparation, en catastrophe, sur leurs comportements ?


Nous tentons, dans le cadre de ce texte, d'apporter des éléments de réponse à ces trois questions, en partant de l'hypothèse que ces enfants d'Algérie, même vivant loin de ce pays, bon gré mal gré, voueraient un fort attachement à leur patrie de naissance.


Nous prenons appui, dans notre étude, sur l'œuvre littéraire de Liliane Raspail. «L'inscription d'un récit dans des lieux identifiés, souligne M. Calvez, est un moyen majeur de produire une représentation.» (Calvez, 2010 : 213)Une représentation qui permet, aussi bien à l'auteur qu'au lecteur, de construire du sens à partir d'un va-et-vient entre le réel qu'évoque le lieu et l'évocation que déclenche le paysage à représenter dans la fiction romanesque. Nous avons complété notre analyse par des propos que nous avons recueillis dans des entretiens que l'auteure de cette œuvre a accordés à la presse écrite.


Liliane Raspail est un nouveau nom dans la littérature algérienne de langue française. L'auteure est née en 1935 à Chemora dans la Wilaya de Batna. Elle a, à son actif, deux romans autobiographiques qu'elle n'a réussi de publier qu'en Algérie aux éditions Casbah, en dépit de ces multiples contacts avec plusieurs maisons d'éditions en France, affirme-t-elle dans un entretien au journal El Watan. (El Watan du 05 - 12 – 2005) L'auteur déclare, dans ce même entretien, avoir encore d'autres manuscrits qui attendent la publication. « Des livres j'en ai encore des cartons pleins !» laisse-t-elle entendre.


A partir de cette œuvre, par une sorte de grossissement optique, nous essaierons de saisir la notion du paradigme de l'attachement à l'espace en milieu de ces enfants d'Algérie. Liliane Raspail, «ne cherche pas à expliquer ce viscéral attachement» dans ses deux premiers romans, car, pour elle, il est «aussi unique, indispensable, irremplaçable, que la colonne vertébrale de son corps.» (Raspail, 2005 : 207) Mais elle promet de le faire dans le 3ème épisode de cette histoire. C'est en effet ce que nous pouvons lire dans un entretien qu'elle a accordé à la presse :


« Je suis actuellement, affirme-t-elle, sur la 3ème et dernière partie de cette histoire, qui "dira" pourquoi et comment depuis 1958 à ce jour j'ai vécu et vis mon attachement à ce pays et à son peuple ; car cela va bien au-delà du soleil et de la somptuosité de la nature. J'aime l'Algérie et son peuple et sa religion, et leurs qualités et leurs défauts car je me reconnais en eux, car bien que française (...), je me sens profondément et absolument algérienne.» (Redjas info, le 13/03/2009)


En effet, Liliane Raspail, qui se dit «Chaouia de sol et de cœur» (Raspail, 2000:3), voue un attachement fort et un amour «quasi-charnel» à l'Algérie. « Le fil directeur de ma vie, c'est mon amour pour l'Algérie. » affirme-t-elle dans un entretien au journal El Watan. (El Watan, du 05 - 12 – 2005).


Ses deux romans, reposant sur des évènements authentiques, sont d'ailleurs, très enveloppés de sentiment profond d'amour et d'attachement de deux femmes pour l'Algérie que chacune d'elles traduit « avec son propre tempérament dans le contexte qui est le sien.» peut-on lire dans la note de présentation du second roman. L'auteure raconte cet amour avec beaucoup d'émotion et de passion, à travers l'enfance de ces deux femmes et les explorations paysagères qui ont amplement influencé leurs vies respectives.


Le premier roman est sorti en 2000. Il s'intitule : « La chaouia d'Auvergne » [1], à propos duquel l'auteure dit : «comme le titre (...) l'indique, j'ai besoin de jeter un pont entre mes deux pays». (LivrecQ, le 15/07/2012)Une phrase qui souligne déjà une appartenance à deux patries différentes : la France et l'Algérie. Deux pays qu'elle aime et dont elle revendique les cultures et les traditions.


Dans « La chaouia d'Auvergne », L. Raspail raconte, avec beaucoup d'émotion, la vie d'une famille de paysans pauvres d'Auvergne (France) qui débarque pour la première fois, au lendemain de la première guerre mondiale, en Algérie, à la recherche d'une vie meilleure. Leur jeune fille, Jeanne Chaneboux, héroïne de ce roman, n'avait encore que 9 ans. Ces derniers sont accueillis à Médina, au cœur même de l'Aurès, par un parent proche en fonction de garde forestier, qui les a sollicités, au préalable, d'entretenir ses terres, à Foum Toub, à quelques kms, seulement, de là.


Après quelques années de travail acharné, la famille Chaneboux a réussi à acquérir des terres à Boulhil et, du côté de Chemora, situé à 50 kms au Nord-est de Batna. L'auteure du roman occulte, naturellement, le contexte historique dans lequel ses aïeux se sont installés dans cette région. Une occultation de privations, de souffrances, de malheur pour la paysannerie chaouie. Boulhilet changera de nom, sur la proposition de Jeanne Chaneboux, à l'occasion du centenaire de la conquête d'Algérie. « Il va, dorénavant, s'appeler Lutaud, du nom d'un gouverneur : Charles Lutaud » (Raspail, 2000 : 83)


Jeanne se marie avec Roger Rescot, leur voisin, un pied-noir de deuxième génération né dans le constantinois. Elle mettra au monde deux filles : Sylviane et sa sœur Julie. Jeanne, après un désaccord avec son mari, demande le divorce et apprend à se débrouiller toute seule, après le décès de son père, dans la gestion de ses terres et de son bétail. Elle quitte Boulhil et pour s'établir, quelque temps à Alger, avant de rentrer, en 1947, avec sa petite famille (ses deux filles et sa mère), en France, suite à une magnifique histoire d'amour impossible avec Sahraoui, un jeune paysan chaoui de Boulhilet. Un amour qui symbolise l'impossibilité d'une liaison durable entre les communautés algérienne et coloniale, et qui « représente l'échec lamentable de communion de ces deux communautés de l'époque » tient-elle à souligner. (Liberté, le 31 /01/2001)


Le second, paru en 2005, s'intitule :« Fille de Chemora ». Il est, en quelque sorte, la suite du premier. «Avec ce roman, affirme L. Raspail, j'ai vraiment retrouvé mon enfance et mon bled.» (Le soir d'Algérie, le 8/12/2005) Sylviane prend le relais de Jeanne. Très jeune, elle connaîtra un double déchirement ; ce qui a été, pour elle, un véritable drame qui l'aurait marqué de plein fouet, puisqu'elle en parle longuement d'ailleurs dans ses romans. A dix ans, elle assiste au divorce de ses parents et quitte son village natal puis son pays, deux ans plus tard, pour rentrer en Auvergne (France). « En 1945, mes parents ont divorcé. J'avais 10 ans. Ça a été un déchirement de quitter mon village », affirme-t-elle. (El Watan, le 05 - 12 – 2005)


En Auvergne pendant que Jeanne Chaneboux luttait de toutes ses forces pour réussir dans son pays d'origine, afin d'assurer le bonheur de sa famille ; ses deux jeunes filles, quant à elles, ne pensaient qu'à leur pays et à leur village natals restés gravés dans leur mémoire. « Il n'y avait que le fait de penser à l'Algérie qui m'a sauvée quand je suis retournée en Auvergne» tient à souligner L. Raspail, dans l'un de ses entretiens à la presse. (Info Soir, le 09 - 12 - 2005)


Dans cette nouvelle localité (Auvergne), les filles ne se sentaient point chez elles. «Ce n'est pas beau ici maman», dit la jeune Julie à sa mère, à leur arrivée en Auvergne. (Raspail, 2005 :11) Elles ressentaient un profond chagrin d'avoir perdu leur village et leur pays. A côté de ce qu'elles avaient connu en Algérie, tout leur paraissait sinistre :« des maisons étriquées, un ciel pesant, des gens sévères.» Sylviane, qui n'appréciait pas non plus cette nouvelle situation, mais qui ne disait pas un mot, s'interrogeait au fond d'elle : « Comment sera-t-il possible de vivre dans ce nouveau pays, dans ces rues tristes au milieu des maisons grises, sous ce ciel sévère ?» (Raspail, 2005 :11) « Où rien ne lui parle comme lui parlaient tous les éléments et la nature en Algérie » (Raspail, 2005 :19).Tout cela lui faisait monter le cœur dans la gorge.


Dans son internat au collège, pour supporter la douleur de cette double séparation (séparation de son pays natal et séparation de sa cellule familiale), Sylviane recourait à «l'envolement vers son village brillant comme un trésor au-dedans d'elle.» (Raspail, 2005 :35) Elle réunissait autour d'elle, après les heures d'étude ou pendant les récréations, des jeunes auvergnates pour leur raconter, avec beaucoup de plaisir et de passion, son village, son pays. Raconter des histoires de bambins bruns aux yeux noirs, de femmes enveloppées dans leurs voiles, d'hommes en burnous ou en cachabias, de caravanes de chameaux, ou de bourricots chargés de sacs de grain de blé ou d'orge, des histoires de moissons et de battage sous un soleil de plomb... Sylviane racontait sans se lasser ces histoires qu'elle ne cessait d'inventer. Et cela la réconfortait beaucoup, car «ce monde imaginaire qui la ramène (presque chaque soir) en Algérie, lui donne l'occasion de ne plus être coupée de son pays natal.» (Raspail, 2005 : 54)


Elle n'aurait certainement jamais pu supporter cette douloureuse double séparation pendant ces longs mois d'internat «sans le secours que lui offraient ces bienheureuses échappées dans son enfance lutaudienne au fil des histoires racontées aux petites auvergnates, en y mettant tout son cœur.» (Raspail, 2005 :37)


Sylvianne, l'héroïne de ce roman, est retournée, quelques années après, à Chemora, pour y passer ses vacances d'été et retrouver sa famille paternelle. L'attachement s'affiche fortement suite à des épisodes de séparation et de retrouvaille. (Bowlby, 1978) Sylviane en voyant, à travers les hublots de l'avion, les premières côtes et les petites collines de son pays natal, son cœur commençait à battre très fort de joie et de bonheur de retrouver les terres de Lutaud balayées par le sirocco et écrasées par la chaleur d'été. « Cogne mon cœur, cogne, écrit-elle , bientôt nous allons arriver, il y a de quoi être content.» (Raspail, 2005 : 90)


Elle était tellement pressée de revoir son village, ses habitants, de toucher sa terre, que le trajet aéroport de Constantine-Chemora (à peine 80 km) a duré, pour elle, une éternité. ) Durant ce voyage, Sylviane s'en allait voguer, sur cette route, au milieu des paysages si chers à son cœur pour ce qu'ils renferment de précieux pour elle. « Elle se remplit les yeux, les oreilles et les narines de tous les paysages traversés.» (Raspail, 2005 : 109) De nombreux chercheurs estiment que les personnes s'attachent à leur maison, à leur village, à leur ville... (Hidalgo & Hernandez, 2001)


A l'entrée du village, elle avait les larmes aux yeux. Des larmes de joie et de bonheur d'être revenue chez elle. Elle demanda soudain à son oncle qui la conduisait dans sa voiture de s'arrêter un moment sans savoir elle-même quoi faire. Ce dernier se rangea sur le côté et Sylviane sauta de la voiture pour aller s'accroupir vers l'arrière,


« Du coup, elle a maintenant réellement envie de faire pipi, mais elle savait, écrit-elle, que ce n'était pas pour cela qu'elle a voulu descendre ; en fait ce dont elle avait besoin, c'est de toucher la terre, et là, la touchant, spontanément elle en choisit un petit morceau et le met dans sa bouche, et le mange. Il a fondu très vite car son goût minéral a fait aussitôt jaillir la salive, étonnée de son agréable consistance et de sa saveur, la petite chaouia enchantée, se promet de recommencer avant de repartir.» (Raspail, 2005 : 94)


Quelle joie pour Sylviane de retrouver son village natal, ses chemins et ses paysages gravés en elle depuis son enfance ! Quel bonheur de retrouver sa famille paternelle et tous les habitants du village ! « Pour elle, tous ces êtres qu'elle aime sont tous sur le même plan ; qu'ils soient Arabes ou Français n'entre jamais en ligne de compte ; tels qu'ils sont, elle vient de les retrouver sur leur commune terre, et seul importe le courant d'amour qui les relie entre eux.» (Raspail, 2005 : 102)De nombreux travaux s'accordent sur le fait que l'attachement à l'espace ne concerne pas seulement ce qui est matériel, mais il peut concerner aussi les personnes qui y vivent.(Low et Altman, 1992). Un lieu ne peut exister en dehors des personnes qui y vivent ou qui y ont vécu. (Rioux, 2005)


Dans l'euphorie des retrouvailles, Sylviane redécouvre avec un plaisir foules souvenirs d'enfance. Elle se souvient des réveillons de Noël dans leur belle maison, de l'odeur des oranges et des mandarines que leur apportait leur père à l'occasion. Elle se rappelle des parfums du gourbi des Boulildi qu'elle fréquentait souvent quand elle était gamine : celui de l'ambre de Daouia, celui de la paille et de la fumée, ou encore celui des effluves des chèvres et des moutons. Elle réalise alors que tout cela lui manquait tellement en Auvergne.


De retour en France, elle a épousé, à 18 ans, un jeune officier de l'armée française. Elle eut avec lui une fille qu'elle a perdue à un bas âge à cause d'une malformation cardiaque. Elle mettra au monde un autre enfant, (un garçon cette fois-ci). Son mari l'aimait beaucoup au point d'être jaloux de tous ceux qui la regardaient. Sylviane aimait aussi son mari qu'elle trouvait beau et charmant dans son uniforme. Elle avait donc tout d'être une dame heureuse.


Mais au fond d'elle, elle sentait que quelque chose lui manquait toujours. «C'est ce quelque chose émis par le monde musulman environnant, cette espèce d'envoutant mystère, ces silhouettes partout présentes de femmes voilées, d'hommes en burnous, la poussière et les odeurs de son chaud pays, oui, peut-être cela lui manque-t-il tout autant que l'incomparable luminosité du ciel.» (Raspail, 2005 :70)


Ni les magasins de mode de Paris n'ont pu lui faire oublier les parfums que lui offrait la nature de son village ou encore la beauté des femmes voilées et des enfants papillons affairés, ou encore celle des hommes en burnous ou en cachabias ; ni les feux d'artifice des fêtes nationales n'ont su lui faire oublier la luminosité du soleil de son pays.


L'Algérie était, pour Sylviane, « sa vérité », son « salut », son refuge, particulièrement, dans les moments difficiles comme celui qui a suivi le décès de sa fille, ou quand elle a appris que Paul, son nouveau bébé, souffrait lui aussi, tout comme Véronique, d'une malformation cardiaque, ou encore à chaque fois qu'elle était en désaccord avec son mari qui « n'est obsédé que par la surveillance du moindre regard de sa jeune femme.» (Raspail, 2005 :166) L'attachement se fait sentir, de façon pressante, à chaque fois que l'individu se trouve dans des situations de détresse (Bowlby, 1978)


Dans son cœur, ni Auvergne, ni Paris, ni Vichy, ni aucun endroit en France ne saurait remplacer son village natal. « Lutaud reste, pour elle, le repère indispensable, la source dans laquelle elle va plonger chaque fois que cette nouvelle vie la laisse en suspens dans un univers où elle se sent mutilée. » (Raspail, 2005 :70)


Le déclenchement de la guerre, un certain 1er novembre 1954, en Algérie, a fait la manchette de tous les journaux en France. Sylviane n'y voyait pas un drame qui s'annonçait. Bien au contraire, elle comparait cette guerre au bien fait d'un orage après un été brulant. Elle comparait ce soulèvement populaire à celui des français dans les années 40 contre les allemands qui voulaient occuper la France. Elle était toute fière que l'Algérie fasse parler d'elle. Même si elle se disait « analphabète de la politique », ce réveil de l'Algérie la réjouissait tout de même. «L'Algérie se réveille, souligne-t-elle , l'Algérie fait entendre sa voix ; sa belle Algérie et son peuple existent aujourd'hui pour le monde entier.» (Raspail, 2005 :160) En voyant le nom de son pays s'afficher partout, Sylviane avait « l'impression de respirer à nouveau l'air de son sol natal.» (Raspail, 2005 :160)


Son mari était affecté en Algérie qui était alors en plein guerre. Sylvianne l'a suivi, en 1958 jusqu'à Sidi Aissa. Ni l'intense douleur qui la couvrait depuis la perte de Véronique sa fille, ni l'état de santé critique de Paul, son enfant, (qu'elle a confié à sa mère) n'ont pu l'empêcher de s'envoler « vers ce qui est pour elle, depuis toujours, sa source de vie.» (Raspail, 2005 :206) et «où elle n'a jamais cessé vouloir d'être» (Raspail, 2005 :219)


Si tôt installé dans son pays natal, à Alger d'abord, chez Hélène, une amie à sa mère, avant de rejoindre son mari à Sidi Aissa, elle confie à son hôtesse :« je viens de réaliser que ce dont j'ai le plus besoin, le plus envie, c'est de ne faire qu'un avec cette terre car de cela dépend ma re-naissance, donc mon avenir. Je veux me fondre dans ce pays, ajoute-t-elle , pour éclore à nouveau, en toute plénitude.» (Raspail, 2005 :233) Sylviane cherchait alors à oublier toutes ces années qu'elle a perdues ailleurs loin de chez elle «Si vous saviez, avoue-t-elle à Hélène, à quel point j'ai besoin de me défaire de toutes ces années auvergnates ou autres, de me laver de tous ces regards, de toute cette ambiance où il me semble ne pas avoir été moi-même...» (Raspail, 2005 :233)


Il est vrai que Sylviane, dès sa prime enfance, se sentait très proche des arabes et des chaouis de son village. Elle était, depuis son jeune âge, très fascinée par la bravoure et la noblesse de ce peuple. Elle transgressait la norme établie par l'ordre social de l'époque en milieu de la société coloniale. Une norme transmise de bouche à oreille, de génération en génération, qui véhiculait une idéologie coloniale hautaine et qui ne nourrissait aucune espèce de considération «aux indigènes» :« Il ne faut pas fréquenter les arabes». Pendant son enfance, Sylviane se rendait, souvent, sans la moindre gêne, dans le gourbi des Boulildi, leurs khemas, qui l'appelaient «Liamna». « Mais moi j'allais dans les « gourbis » écrit-elle, où j'étais acceptée et me sentais « chez moi». » (LivrescQ, 15/07/2012)


Durant son court séjour à Alger, elle a fait connaissance de trois jeunes algériens habillés à l'européenne avec lesquels, il lui semblait avoir trouvé le chemin par où elle pouvait rejoindre ceux vers lesquels elle ne pouvait s'empêcher d'aller. Avec eux, elle avait découvert une autre Algérie. « Une Algérie qu'elle ne connaissait pas du tout... une Algérie qu'elle n'imaginait même pas » (Raspail, 2005 :240) Une Algérie dont elle est subjuguée : c'est à la fois l'Orient et l'Occident.


Mais ce n'est qu'à Sidi Aissa, principalement, qu'elle a pris conscience de l'horreur de la guerre, et c'est là-bas, aussi, qu'elle a découvert la misère du peuple algérien, la souffrance et l'inqualifiable injustice qu'il subissait. C'est là-bas aussi qu'elle a éprouvé l'intense sentiment de fraternité et de bien-être en côtoyant, de plus près, ces concitoyens, en se mouvant au milieu d'eux, en parlant le même langage qu'eux. (Raspail, 2005 :274)


Contrairement à Albert Camus, qui a préféré sa mère à la justice, Liliane Raspail a choisi d'embrasser la cause des Algériens. Elle a opté pour son algérianité et pour l'indépendance du pays. «Ce n'était pas un choix politique », précise-t-elle, « je me disais simplement : Ils ont raison, je suis de leur côté.» Puis elle ajoute «J'étais pour que l'Algérie soit indépendante, point final.» (El Watan, 5/12/2012)


Un choix qui a déterminé le reste de sa vie et a affiché ses convictions, sans pour autant appartenir à un groupe ou à un parti quelconque. Des convictions qui ont failli, à trois reprises, lui coûter la vie. Elle a mis fin à sa vie conjugale avec son lieutenant qui combattait contre les algériens pour aller vivre avec un algérien impliqué dans la lutte nationale.


Après l'indépendance, contrairement à ses parents, Liliane Raspail a préféré rester en Algérie et y vivre pour participer au prodigieux et euphorique élan de construction de la nouvelle Algérie. Voilà ce qu'elle dit à propos de ce choix : « Moi, j'ai fait le choix de ce pays, j'ai eu un enfant algérien que j'ai appelé Ali et j'en suis très heureuse.»(El Watan du 5/12/ 2012) Même si elle aime aussi le pays de ses aïeux de son plein cœur, « sa vie c'est sur ce sol(c'est-à-dire l'Algérie) qu'elle la sent vibrer, c'est pour ce sol qu'elle veut s'en servir.» Et «cette terre restera à jamais sa terre jusqu'à la fin de sa vie.» conclut-elle. (Raspail, 2005 : 316)


Mais, hélas, elle a quitté, encore une fois, contre son gré, l'Algérie, en mars 1994, comme d'ailleurs de nombreux intellectuels, pendant les années du terrorisme, à la suite de la fermeture du centre culturel français où elle travaillait depuis mars 1987. Elle avait 59 ans. «J'ai beaucoup souffert d'avoir quitté l'Algérie après les années de terreur qu'a vécues ce pays.» déclare-t-elle. (Le Soir d'Algérie 8/12/2005)En France, elle a trouvé un poste d'assistante de direction à la Bibliothèque Nationale. Liliane Raspail a pris sa retraite en 2000. Depuis, elle partage son temps entre Alger et Paris.


Conclusion

Il est vrai que dans les sociétés traditionnelles l'attachement au sang représente le lien le plus fort entre les membres des communautés. Il permet au sujet de ressentir, à la fois, un lien de parenté et un sentiment de sécurité avec d'autres individus avec lesquels il partage la même origine ethnique, la même langue et la même culture. Mais dans un monde, de plus en plus, mondialisé où les populations se déplacent et se métissent constamment, le lien avec l'espace constitue un vecteur d'attachement très fort, un sentiment d'appartenance plus durable à la terre. Un lien qui n'est pas seulement cantonné au domicile mais qui peut s'étendre aussi au village, à la ville voire à la patrie. Il peut unir des personnes d'origines ethniques différentes, de langues et de cultures différentes.




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Articles de presse


 El Watan du 5/12/ 2012


 Info Soir, le 0912 – 2005


 Le Soir d'Algérie 8/12/2005


 Liberté, le 31 /01/2001


 LivrecQ, 15/07/2012


 Redjas info, le 13/03/2009





 [1] Un titre que lui aurait proposé son mari, un neveu à Ferhat Abbas, un des leaders du mouvement nationaliste.



Pour citer cet article:

Abdenacer GUEDJIBA, L’attachement à l’espace dans l’œuvre littéraire de Liliane Raspail», Didactiques N°10 actes du colloque « Le Paysage Algérien Dans La Littérature Algérienne Francophone (1962 - 2015) » juillet – décembre 2016, http://www.univ-medea.dz/ /ldlt/revue.html, pp.118-136




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